Les règles non dites de la conversation

 

Voici comment une conversation ne commence jamais.

« Salut!
- Salut!
- Comment ça va?
- Vraiment mal et toi?»

Avez-vous déjà réfléchi au fait que vous savez que vous devez répondre «Oui et toi?» à la question «Comment ça va?» quand la plupart des gens vous la posent.

Et ce, quel que soit votre état d’âme.

Savez-vous quand vous avez appris que dire «Hum hum» ou hocher de la tête quand quelqu’un vous parle lui signale que vous l’écoutez?


Probablement pas.


Peut-être êtes-vous détectives professionnels avec une spécialité en lecture gestuelle et en analyse de profil psychologique?

Ou peut-être êtes-vous tout simplement quelqu’un avec des habiletés langagières dans la moyenne.

Mais, croyez-moi, ce n’est pas facile pour tout le monde de comprendre les règles non dites de la conversation.

Le parallèle avec la conduite à Bali

Je suis allée à Bali pendant un mois. J’ai visité quelques villes là-bas et j’ai bien vite remarqué que les déplacements sur la route ne sont pas de tout repos.

Il ne faut pas tomber dans la lune quand on conduit à Bali.

Personnellement, je n’ai pas fait l’essai de conduire là-bas. Mais j’ai bien observé et cela m’a inspiré cet article.

 
 
Photo prise à Ubud, Bali, Indonésie

Photo prise à Ubud, Bali, Indonésie

 
 

Premièrement, le code de la route à Bali est… comment dire… réinventé?

En effet, on comprend rapidement que les Balinais ont créé leurs propres règles de conduite.

J’ai d’ailleurs très rarement vu des indications officielles sur les routes. Des panneaux de limites de vitesse, ça ressemble à quoi déjà?

Pourtant, la circulation y est fluide et les gens savent quand c’est à leur tour de passer.

Quand on parle aux gens qui vivent sur cette île et qu’on fait des recherches sur le net, on ressort des règles non officielles pour la conduite. Par exemple, on peut lire que la priorité de passage serait en lien avec la grosseur du véhicule. Un camion aura donc la priorité sur une voiture et une voiture sur un scooter, etc.

On peut aussi lire que c’est la priorité au premier engagé.

Autre exemple : le klaxon sert ici à signaler plusieurs intentions dont sa présence. Vous prenez une courbe et vous ne voyez pas de l’autre côté de la route, alors vous klaxonnez. Ainsi, celui qui s’en vient saura que vous êtes là. Le klaxon peut aussi avertir un piéton, saluer quelqu’un, offrir ses services de taxi….

On entend donc BEAUCOUP de coups de klaxon.

En bref, comme le disait une de nos hôtes, il s’agit d’un chaos organisé.

Mais comment les gens connaissent-ils ces règles si elles ne sont pas officielles? Comment les expatriés ont-ils adapté leur conduite à celle des Balinais?

 
 
Photo prise à Ubud, Bali, Indonésie

Photo prise à Ubud, Bali, Indonésie

 
 

Deux mots: observation et expérience

C’est un peu comme quand on apprend les règles conversationnelles.

Personnellement, mes parents ne se sont jamais assis avec moi pour me dire que:

  1. Il faut dire «oh intéressant» pour montrer que j’écoute et en savoir plus;

  2. Poser des questions quand quelqu’un m’explique quelque chose c’est une bonne idée;

  3. Je dois attendre que le ton de la personne avec qui je parle descende avant de prendre la parole.

C’est vrai, ils m’ont reprise à certains moments, comme le font tous les parents, avec des phrases du genre :

  • Regarde-moi quand je te parle;

  • C’est impoli de couper la parole;

  • Baisse le ton, ça dérange.

Et c’est probablement la même chose dans de nombreux foyers.

On ne nous explique pas clairement ces règles pendant notre enfance, mais on finit par les connaître en observant les autres et en zigzaguant dans nos interactions sociales.

Parfois, il y a un accroc dans notre conversation qui nous fait comprendre qu’on a fait une mauvaise manœuvre.

Parfois, on coupe trop serré la parole de quelqu’un et son regard nous l’a laissé comprendre.

Parfois, c’était à notre tour de parler, mais on a manqué notre chance et quelqu’un d’autre l’a fait. La fois d’après, on se reprend.

Et en cas d’accidents conversationnels, on peut avoir à s’expliquer.

Si spontané semble être l’apprentissage de ces règles, ce n’est pas facile pour tout le monde de les acquérir. Pensons aux jeunes avec des difficultés de langage et de communication. C’est un peu le propre de ces difficultés de ne pas avoir accès à ces règles non dites, comme si elles paraissaient moins évidentes pour ces personnes.


Alors que faire?

Tout d’abord, soyons un modèle social adéquat pour les autres.

Ensuite, comme vous pouvez le deviner, expliquer ces règles aux personnes qui éprouvent des difficultés avec celles-ci peut être gagnant.

Par exemple, si vous observez qu’un jeune ne salue pas les autres quand il arrive quelque part, vous pouvez :

  • lui rappeler comment agir:

    • ex. : Dire: «Oh! Tu te souviens? Quand on rencontre quelqu’un, on lui dit bonjour!»;

  • le sensibiliser aux conséquences du faux pas:

    • ex. : l’autre personne a l’impression d’être ignorée.

Bien qu’une conversation soit une chose qui nous paraisse extrêmement naturelle, l’intervention à faire à ce niveau ne l’est pas nécessairement. Il y a tant de subtilités qu’il peut être fort intéressant de consulter un(e) orthophoniste pour y naviguer plus aisément.

Article révisé le 14 mai 2020